Un travail de recherche curieux et minutieux

     
     
 

La chanteuse de musique classique algérienne (andalou) Beihdja Rahal, qui a entamé l'enregistrement d'une deuxième série des 12 noubas, propose aux mélomanes de cette musique des extraits puisés de la poésie féminine de la période arabo-andalouse.

S'insurgeant contre l'idée de l'anonymat de la majorité de la poésie chantée en Algérie dans le domaine de la musique andalouse, Beihdja Rahal a indiqué à l'APS, dans un bref entretien, qu'en «fouillant» dans les bibliothèques et instituts spécialisés dans le mouwachahe andalou, elle a découvert que «beaucoup de poèmes chantés chez nous depuis plus de trente années étaient signés».

Après un travail de recherche «curieux et minutieux» dans la poésie arabo-andalouse, la chanteuse a retrouvé de « très beaux poèmes » d'Ibn Zeydoun, destinés à sa bien-aimée la princesse andalouse, Wellada Bint El Moustakfi, que Beihdja ne manqua pas d'en interpréter certains, sous forme d'istikhbar dans ses enregistrements, a-t-elle expliqué.

Découvrant par la suite que la princesse en question, fille du calife omeyyade, Mohamed El Moustakfi Billeh, était également une femme de lettres et poétesse, la chanteuse Beihdja s'est réjouie des «magnifiques textes» que Wellada envoyait à Ibn Zeydoun, d'où l'idée lui est venue d'interpréter l'un de ces textes dans son dernier album dans le mode Zidane qui sortira prochainement.

Interrogée sur l'objectif de ces recherches en matière de poésie féminine, Beihdja a indiqué qu'elle tient à «faire découvrir» cette poésie qui est, selon-elle, «aussi belle que la poésie masculine». Elle a ajouté, dans ce sens, que ses recherches permettront de changer certaines opinions qui lui ont «souvent» fait remarquer qu'elle s'était attaquée à un domaine réservé aux hommes en chantant que des textes tirés de la poésie masculine, précisant qu'elle continuera à puiser dans les textes de poétesses de cette période, comme Nezhoun, Quamar, Hafsa, etc., afin de les interpréter dans ses futurs enregistrements.

Les travaux de recherches de la chanteuse Beihdja Rahal dans l'ancienne poésie féminine, notamment de la poétesse Wellada, dont elle interprétera certains textes dans ses nouveaux produits, lui ont permis de recevoir récemment le prix 2006 de la fondation Mahfoud Boucebci «recherche et culture», qui décerne annuellement un prix pour une recherche scientifique ou culturelle.

 

"APS" samedi 24 juin 2006