Trois concerts promotionnels en Algérie

     
     
 

A l'occasion de la sortie de son dernier album, l'interprète de musique andalouse, Beihdja Rahal, donnera trois concerts promotionnels en Algérie. Cette artiste à  la voix de velours gratifie son public d'un vingt-sixième album intitulé Nouba Mezdj, produit par les éditions algériennes Ostowana. Soucieuse de préserver le patrimoine andalou, Beihdja Rahal a habitué, annuellement, ses mélomanes à leur offrir un album bien ficelé.

La cantatrice classique, Beihdja Rahal, a animé hier, en collaboration avec l'Office national de la culture et de l'information, à la salle El Mougar, une conférence de presse pour la promotion de son nouvel album. Elle a fait l'annonce du concert qu'elle donnera le 10 juin à partir de 22h30 dans cette même salle. Deux autres dates seront à l'honneur : le 19 à Biskra et le 22 à Oran.

Pour ceux qui connaissent cet artiste perfectionniste jusqu'au bout des ongles, ils savent qu'elle s'est lancée dans l'enregistrement d'un premier et d'un deuxième tour des douze noubas existantes dans la musique andalouse de l'école d'Alger.

Beihdja Rahal avoue que dans son dernier album, Nouba Mezdj, Ghrib Zidane, elle  n'a rien inventé de nouveau, car le mode Mezdj existe dans le patrimoine andalou. Mais cependant, elle explique que le Mezdj ne peut pas se faire n'importe comment. Il faut qu'il se fasse entre des modes qui sont répertoriés. Ainsi, le Mezdj, qu'elle a interprété oscille entre le Ghrib et le Zidane.

D'une durée de 70 minutes, la nouba en question comporte 12 titres. Elle est étrennée par une touchia Ghrib suivie d'un Mceddar Ghrib Kounna fi îchqa. La troisième pièce se caractérise par un betâihi zidane, Qourratayni. La nouba se referme comme elle a commencé par un klhass Ghrib, Billah ahwar ahwar.

L'artiste est restée fidèle à la structure de l'orchestre traditionnel. En effet, elle a travaillé avec les mêmes musiciens qui l'accompagnent depuis assez longtemps. «On ne change pas une équipe qui gagne. C'est toujours la même équipe qui enregistre avec moi depuis plusieurs années», dit-elle fièrement. Saâdane Benbabaâli, professeur en littérature arabe à Paris III, spécialiste des mouachahat andaloussia, a réalisé la traduction en français de toute la nouba, comme il l'a déjà fait pour tous ses précédents enregistrements.

La chanteuse Beihdja Rahal rappelle que le but de son travail est la préservation de la nouba Sânaa, n'écartant pas l'idée que ce patrimoine peut disparaître d'ici quelque temps. «Je préserve et je sauvegarde un beau patrimoine. Tant que j'ai la voix et la force qu'il faut, je défendrai ce patrimoine algérien. Je resterai spécialiste de ce patrimoine. Le patrimoine n'est pas totalement préservé. D'où ce travail de préservation et de pédagogie de par les cours que je donne en France à des enfants avec l'ELCO, et à des adultes au sein de l'association Rythme harmonie et les scènes que j'anime.

C'est devenu une tradition et une responsabilité, car je me dis que si je ne le fais pas qui le fera alors ?» dit-elle fièrement. Elle constate, en outre, que la scène artistique est inondée par l'interprétation de variétés andalouses, et non pas de noubas andalouses.  «Dans la variété andalouse, explique-t-elle, on fait beaucoup de modifications. Je n'ai pas à condamner la variété andalouse, mais il faudrait que le public fasse la différence entre les deux genres».

Concernant  le phénomène du piratage, Beihdja Rahal, souligne que ce fléau n'est pas spécifique à l'Algérie, mais revêt une dimension universelle. «Dire qu'on n'enregistre pas de peur de piratage, ce sont de fausses excuses. Je pense que si nous n'enregistrons pas, le patrimoine risque de disparaître à jamais. C'est à l'Etat de trouver une solution pour le piratage.  Mais ce n'est pas parce que le piratage existe que nous nous arrêtons de travailler. En dehors du piratage, je pense que les albums se vendent bien.

Un album est synonyme de beaucoup de sacrifice et de travail». Mieux encore, la chanteuse estime que le Net est un moyen de communication qui ne remplacera jamais le live. «Un spectacle vivant ne pourra jamais être remplacé par internet».

Au cours de ses trois concerts promotionnels, la chanteuse promet d'interpréter en premier partie l'intégralité de son album. La seconde partie de son concert sera plutôt consacrée à du haouzi et du aâroubi. Après la promotion de son album en Algérie, la chanteuse Beihdja, se produira à Paris et Limoges.

 

Nacima Chabani
"EL WATAN" mercredi 7 juin 2017