A la recherche de la nouba
     
     
 

Son œuvre permet de conserver la musique arabo-andalouse en prenant soin de l’enregistrer.

La nouba rasd, récemment enregistrée Beihdja Rahal, interprète de musique arabo-andalouse, a été au centre des débats du Café littéraire, organisé samedi soir à la Bibliothèque nationale du Hamma. Lors de son intervention, Beihdja Rahal a évoqué son goût pour ce patrimoine musical, patrimoine qui, pour elle, est menacé de disparaître. Elle a fait part de son aventure dans ce domaine, qu’elle trouve riche et passionnante. "J’ai enregistré mon premier album en 1995, c’était la nouba zidane, puis je m’étais dit pourquoi ne pas continuer sur cette lancée", a-t-elle rappelé.

Effectivement, Beihdja Rahal pensait, au début, faire deux ou trois noubas, puis au fur et à mesure des enregistrements, elle a décidé de s’engager dans un travail plus fourni et plus détaillé. Cela a nécessité un travail de recherche et d'enregistrement des douze noubas de la première série existante; elle s'est attelée ensuite à faire des recherches sur les trois autres noubas incomplètes. Son travail consiste à retrouver les morceaux détenus par les familles des artistes disparus, ou même des mélomanes qui ont gardé des enregistrements faits lors des fêtes familiales.

La nouba rasd est le fruit de tant de recherches et d’investigations. "J’ai enregistré ce que j’ai emmagasiné, mais cela ne m’a pas empêché de faire des recherches pour m’assurer de l’authenticité des morceaux au plan de l’interprétation, de la mélodie et du sens", a-t-elle expliqué. Dans ce cadre, l'artiste a souligné les difficultés rencontrées dans l'enregistrement de ce genre musical car "étant transmis oralement, donc sujet à des déperditions".

"On doit reprendre les noubas telles quelles. On travaille sur un patrimoine qui existe", a déclaré Beihdja Rahal mettant en exergue la nécessité, pour les musiciens, de respecter l'authenticité de la nouba dans toutes les étapes de l'enregistrement et de l'interprétation. "Quand il s’agit d’une transmission orale, l’on se doit d’observer le respect de l’interprétation, d’autant plus que l’on ne sait pas si celle-ci est la même que celle du temps de Zyriab."

Par ailleurs, Beihdja Rahal insiste sur le fait qu’elle est seulement une interprète, qu’elle est loin d’œuvrer dans la composition. "Je suis interprète, je ne fais pas d'arrangements, je ne crée pas. Je fais un travail de sauvegarde", a affirmé l'artiste. Et de conclure: "Il faut que chacun de nous se sente responsable et se dise qu'il ne doit rien changer à la nouba."

 

Yacine Idjer
"INFOSOIR" mardi 1er novembre 2005