Beihdja Rahal revient avec la Nouba Sika
     
     
 

Avec la sortie de cette 11ème nouba, l’avant-dernière, il ne reste plus à Beihdja Rahal que la nouba Mdjenba pour réussir son challenge et boucler la transcription et l’enregistrement des 12 noubas de la musique andalouse.

Beihdja Rahal vient de mettre sur le marché de l’édition Sika, la onzième nouba. Ce nouvel album est édité chez Soli Music, la maison d’édition CADIC. Après la sortie de nouba Zidane, Mezmoum, Rasd, Dil, Ghrib, Maya, Raml, l’Hssin, Rasd Edil et Raml Maya (tous disponibles sur le marché de l’édition algérien) et maintenant la nouba Sika, Beihdja Rahal est sur le point de boucler la transcription de la musique classique algérienne.

Dans l’album Sika, Beihdja Rahal amorce la nouba avec un inqilab romantique, Ala fasqini (sers-moi), exprimé dans un langage tendrement poétique. En fond, des jeunes choristes, dont Meriem Boulahchiche et Amina Belouni, reprennent les refrains en chœur. Dans ce mouvement, la voix «cassée» de Beihdja se fait plus douce et donne tout leur sens aux mots. Chanté, le mot «habibi» (mon amour) devient à lui tout seul une ode à l’amour. Puis, la voix se fait plus forte, plus déterminante quand elle chante la conquête de l’amour et de l’amoureux. Le violon mêle sa voix langoureuse à celle de la chanteuse et s’en détache pour un solo mélancolique avant de se reculer pour céder la place à une orchestration plus «discrète». Le violon assure en quelque sorte la transition entre les rythmes et les mouvements. A l’inqilab succède le m’ceddar mada nahit, qui introduit Sika. Ce mouvement est interprété sur un rythme lent, presque «alangui».

La voix de Beihdja prend le temps d’orchestrer tous ses tons. La chanteuse explore les différents sons de sa voix qui devient un instrument de musique à part entière. L’orchestre revient avec le mouvement suivant et attaque btaihi Sahib el wedjh el djamil (l’homme au beau visage). Le titre dit le ton, une autre chanson d’amour pour cette nouba. Le mouvement de cet air est aussi lent que m’ceddar, quoique plus «élancé». Un instrument à cordes traditionnel marque la fin de ce mouvement qui précède el istikhbar ouhibou min el ahbabi. La «quiétude» de ce mouvement est un vrai écrin pour le ton «brumeux» de la voix de Beihdja qui prédomine. La flûte reprend la mélodie entonnée par l’interprète.

Après ce délicieux «entracte», l’orchestre revient pour accompagner la voix qui chante Dardj Soltanet Banet El Hay. Pour la nouba Sika, Beihdja Rahal a opté pour trois insiraf : Ma taftakir Ya ghazali, Nourakib El Badr Essaîd, Dir Ya Nadim kaas El Oukar. Trois mouvements stylisés dans le même ton mesuré et tempéré. Beihdja Rahal achèvera cette 11ème nouba, l’avant-dernière de la musique andalouse, avec deux khlass, Ya man dara. Deux morceaux légers, rafraîchissants, que l’artiste exécutera d’abord en chœur puis en solo avant de faire un dernier cadeau au public en interprétant une douce qadria, Zahra maki min ezahar.

 

Farida Belkhiri
"LA TRIBUNE" vend-sam 22-23 août 2003