L'artiste signe un nouvel album
     
     
 

Beihdja Rahal est, sans exagération, une artiste prolifique. En un laps de temps relativement court, elle a signé 6 CD. Elle vient de signer la "Nouba Maya", et compte organiser, jeudi prochain, un spectacle à la salle Ibn Zeydoun de l’OREF. Suivons un peu le parcours de cette femme, qui, comme une fourmi, a fait un travail de longue haleine pour s’imposer dans un espace, jadis réservée exclusivement aux hommes. C’est l’une des premières femmes à avoir réussi à créer un espace dans ce monde, ô combien compliqué, de la musique classique algérienne, ou si vous préférez de la musique andalouse, "version école algéroise".

Il n’y en a pas 36, c’est Beihdja Rahal, cette femme qui a bousculé les ordres établis en pénétrant de plain-pied dans cet espace artistique andalou, jadis, exclusivement réservé aux hommes. Parce en effet, avant, les femmes Meriem Fakay ou Fadila Dziriya, ne pouvait qu’interpréter dans un cercle fermé, ce qu’on appelle le haouzi ou l’aroubi, un style considéré comme sous-genre. La musique andalouse était alors, la chasse gardée des chouyoukhs, ces hommes qui avaient la chance de connaître la langue classique arabe et les intonations musicales, de quoi avoir les moyens de décrépiter un patrimoine vieux de plusieurs siècles.

Le parcours de cette jeune chanteuse est tout à fait curieux. Elle n’est certes pas sortie de rien. Après des études en musique, Beihdja Rahal, qui était alors inconnue dans le bataillon artistique, passait, visiblement, le plus clair de son temps à "travailler". "Il m’a fallu plus de 21 ans de travail pour sortir, en 1992, mon premier CD en France", dit-elle, en ajoutant qu’elle en est à sa 7ème Nouba. La chanteuse est convaincue d’une seule chose: elle veut absolument conserver, selon les critères et les normes de la musique andalouse enseignée à l’école d’Alger, les 12 noubas qui restent des 24 existantes.

Le travail de mémoire qu’elle s’est assigné est, bien sûr, loin d’être aisé. Parce qu’avec la musique classique, il devient intolérable de tricher ou de jouer avec une touche. La musique, qui se conserve doit absolument être, authentique et c’est là l’un des critères primordiaux. De ce côté, la conférencière pense que les détenteurs, donc les maîtres de la musique andalouse qui sont encore en vie, dont Ahmed Serri, peuvent juger de l’authenticité de cette forme d’expression. "Ahmed Serri a été, si l’on peut dire, mon conseiller, mon maître….", expliquera celle qui vit depuis 1992 dans la capitale française.

Beihdja Rahal qui a rencontré, hier, la presse à la salle Ibn Zeydoun, n’était pas venue les mains vides. Elle vient de signer son sixième CD qui s’appelle, "Nouba Maya", et annonce un concert programmé, pour jeudi prochain à partir de 19h00, à la salle Ibn-Zeydoun de Riadh El-Feth. L’artiste compte, durant les prochains jours, sortir une 7ème Nouba.

 

Meriem Mokrani
"LE MAGHREB" lundi 22 avril 2002