Publication chez l'ANEP d'un nouvel ouvrage sur la musique andalouse
     
     
 

Beihdja Rahal cosignera le livre aujourd'hui au SILA

Beihdja Rahal ne se reposera jamais de ses recherches sur la musique andalouse entreprises déjà il y a à peu près une décennie. La chanteuse qui a fait le pari d'enregistrer pour sauver de l'oubli quelque 12 noubate des 24 restantes est passée carrément à un autre mode d'expression. Cette fois-ci et c'est tout à fait nouveau, la chanteuse est passée à un autre cap, l'écriture. Beihdja Rahal vient de co-signer avec Saâdane Benbabaali, un nouvel ouvrage sur la poésie et la musique andalouse. Sorti à l'occasion de la 15ème édition du salon du livre (du 26 au 06 novembre), cet ouvrage qui s'intitule "Bahdjat an-noufous fî bahâ'i djannât al-Andalous" (La joie des âmes dans la splendeur des paradis andalous) aborde les thèmes de L'Amour, la Femme et les Jardins dans la poésie andalouse chantée, thèmes chers aux poètes du 12ème siècle. Cet ouvrage bilingue (arabe et français) va dans le sens des recherches de l'artiste dans le domaine vaste du lyrisme andalou.

Une vente dédicacée de "La joie des âmes dans la splendeur des paradis andalous" est prévue aujourd'hui au stand de l'ANEP au salon du livre qui se déroule au Complexe olympique Mohamed Boudiaf. Après "La Plume, la Voix et le Plectre", Beihdja Rahal coécrit avec le même Saâdane Benbabaali, et s'attaque à la transcription de la poésie andalouse regroupée en compilation dans cet ouvrage où l'on retrouve pas moins d'une cinquantaine de poètes. "Ce livre est un voyage au cœur des mots venus des siècles passés pour nous transmettre couleurs, senteurs et formes harmonieuses. Il nous donnera l'occasion d'apprécier l'art subtil de tant de poètes anonymes qui ont tissé des images et filé des métaphores pour dire à leur manière que le Paradis est souvent tout proche de nos yeux", estime Beihdja Rahal qui compte offrir un mini-concert à l'issue de la vente-dédicace.

Les coauteurs se penchent par ailleurs sur une étude approfondie de cette poésie en prodiguant, un récit explicatif aux férus de cet art du 12ème siècle. Le lecteur peut également y trouver un glossaire dans lequel une liste de mots et expressions arabes traduits en français. Pour être complet, les coauteurs ont pensé à illustrer leur ouvrage avec des photographies des pathétiques jardins de l'Andalousie de Grenade, Séville et de Cordoue. Des images que le lecteur pourra admirer tout en écoutant la voix de Beihdja Rahal grâce au CD audio et au DVD de son concert donné à l'Institut du monde arabe à Paris en février 2010, qu'il trouvera dans la pochette de l'ouvrage.

Une chercheuse acharnée

Beihdja Rahal n'a pas eu de répit depuis 2005 où elle a commencé à inscrire avec sa voix, les pathétiques poèmes chantés à l'époque de Ziriab dans les jardins de l'Andalousie. La première nouba qu'elle a ainsi sauvé de l'oubli, elle l'a enregistré en 1995, dans le mode Zidane. Il y a trois ans, Beihdja Rahal avait présenté un album dans le mode Raml. Ce dernier qui entre dans le cadre de l'enregistrement des 12 noubate restantes -il y en avait 24 au départ-, fait partie de sa deuxième série de nouba.

A l'origine, il existait 24 noubate, chacune composée dans un mode défini. Il n'en reste actuellement plus que 11 au Maroc, 16 en Algérie (dont 4 inachevées) et 13 en Tunisie. Chaque nouba correspondait à une heure de la journée et se divisait en une suite de plusieurs pièces de rythmique différente. En général, les mouvements de la nouba s'enchaînent en accélérant progressivement le tempo, jusqu'à la dernière pièce, plus lente, destinée à l'apaisement. La nouba sur le mode Raml que Beihdja Rahal avait enregistrée comporte huit titres, dont un istikhbar Zidane tiré de la poésie d'Ibn Zeydoun et un betaïhi Raml inédit.

L'artiste a d'ores et déjà achevé sa première série de 12 noubate, sauf qu'après, viendront des nouba dans les modes Mezmoum, Rasd et Zidane de la deuxième série de noubate entamée en 2005. L'interprète a toujours regretté la mauvaise distribution de ses albums surtout à l'intérieur du pays. Selon elle, de nombreux fans lui ont adressé des messages l'informant de la difficulté ou parfois de la non-disponibilité de ses produits chez les disquaires locaux. "La distribution est mal faite, elle devrait être nationale et pas seulement dans la capitale. Le public se trouve dans tous les coins du pays et cette musique doit être proche du peuple", avait-elle soutenu, ajoutant que ce n'était pas de son ressort de "trouver des solutions pour cela, moi je ne suis qu'une artiste-interprète, mon rôle principal consiste en la contribution à la sauvegarde de ce patrimoine musical avec tout ce qu'il comporte comme textes, musiques et modes, et le promouvoir afin que le grand public s'intéresse à cet art".

Beihdja Rahal qui était une parfaite inconnue du public au début des années 90 est devenue, moins d'une décennie plus tard, une véritable vedette de ce genre classé chez nous, "musique andalouse classique." Depuis, à chaque concert, l'interprète qui vit entre Paris et El Biar (Alger) fait le plein. D'ailleurs, la chanteuse a été classée, selon un sondage, 4e meilleure vente de disques en Algérie, derrière cheba Djenet, Bilal et un autre chanteur de raï, toutes musiques confondues. Beihdja s'était réjouie en disant qu' "être classée juste après le raï, c'est qu'on a gagné quelque part."

 

Yasmine Ben
"LE MAGHREB" jeudi 4 novembre 2010