Au-delà de l'acoustique, un velouté andalou
     
     
 

L'interprète de musique andalouse, Beihdja Rahal, a animé mercredi soir au palais de la culture Moufdi-Zakaria, à Kouba, un récital andalou, aroubi et hawzi. Il est 19h 25. Le rideau s'ouvre sur un takht de huit musiciens, habituels instrumentistes de Beihdja qui habillée d'un karakou belfetla et d'un serwal mdewar stifa, couleur saumon, s'avance sous les applaudissements nourris d'une salle archicomble, de spectateurs dont certains sont restés debout ou assis à même le sol et gradins.

Première partie de ce récital, l'interprétation de la nouba rasd, enregistrée récemment et disponible en CD dans les bacs des disquaires, les musiciens offrant leurs plus belles gammes dans le mode raml el maya. Cela même si l'acoustique n'a pas été plusieurs fois au rendez-vous lors de ce concert, la sonorisation de la salle s'avérant défectueuse au grand dam de l'orchestre, de l'interprète et du public. Imperturbable néanmoins, Beihdja a déclamé ses plus belles ahate, un Nacer rahal au violon ravissant l'auditoire d'un jeu d'archet “rossignolesque”, suscitant de chaleureux applaudissements et des youyous passionnés des mélomanes, à l'issue de la prestation noubesque.

En seconde partie, Beihdja Rahal et ses musiciens ont présenté un récital aroubi avec la déclamation toute en velouté, sur le mode sika, du aroubi, Men kan adib yahtal du poète Abdelkader Ben Mohamed Assali ponctuée d'un hawzi, Kif amali ou hilti de l'aède tlemcénien Bensahla, sous d'autres youyous enjoués. Un second aroubi, interprété dans les modes moual, arak et raml el maya, Ma sebt mamhoun, enchanta lui aussi l'auditoire, le jeu musical porté aux nues par la virtuosité à la mandoline de Mansour Brahimi.

Le patrimoine hawzi a été aussi au répertoire de ce récital avec l'interprétation du poème Achki fezzine nsaha avec en khlass Ya nasse djaret li ghrayeb. En final d'un récital d'environ deux heures, Beihdja Rahal, vivement applaudie par l'assistance et félicitée par un beau bouquet de fleurs remis par la directrice du palais de la Culture, n'a pas laissé son auditoire partir sans lui offrir un bonus, un florilège dans le mode raml el maya, le nostalgique poème, Ait ma ndhemem de l'autre aède de la ville du Mechwar, Mohamed Ben Msayeb

 

Chérif Bennaceur
"LE SOIR D'ALGERIE" samedi 29 avril 2006