"Le CCA a annulé mon gala sans raison"

 
 
 


Beihdja Rahal à l'EXPRESSION

Beihdja Rahal a ouvert son cœur à notre journal, car victime de la désinvolture et de l'indifférence de la part du Centre culturel algérien à Paris. En l'écoutant nous disons qu'il est inadmissible qu'une artiste, de la trempe de Beihdja Rahal, dont la renommée n'est plus à démontrer ni à discuter, se fasse rabrouer par les siens, en France, au moment où son public algérien est en attente de ce genre de concert d'un haut niveau qui lui rappelle son riche répertoire musical. On l'a contactée pour en savoir plus sur ce refus incompréhensible, voire inconcevable. En voici la quintessence :

 

Un concert le 12 octobre prochain à Paris au centre Dunois dans le XIIIe. Une occasion particulière.?

Oui, il a été programmé à l'occasion de la sortie de mon dernier album Nouba Mezdj Maya-Rasd Eddil que j'ai présenté à Alger et à Oran en juin dernier pendant le Ramadhan. Le public algérien garde une place de choix dans mon cœur car il a suivi toutes les étapes de ma formation musicale jusqu'à mes premiers pas scéniques. C'est un honneur pour moi de lui présenter mon dernier-né en priorité. La 2ème escale pour moi reste Paris où la communauté algérienne est très importante.

 

De juin à octobre, ce n'est pas un peu long ? Pourquoi faire patienter les Parisiens alors que vous êtes sur place et pouvez organiser un concert plus tôt ?

Un concert en Algérie peut être programmé à quelques jours de la date prévue. En France ou en Europe, ce n'est pas le cas. Les dates sont arrêtées et confirmées, avec contrat des mois à l'avance. Je suis contactée par les salles de spectacle, théâtres ou festivals, nous discutons du bon déroulement du concert et si nous sommes d'accord sur tout, il ne me reste plus qu'à travailler avec mes musiciens pour donner le meilleur sur scène le jour J.

 

Sur votre site personnel le concert était prévu au Centre culturel algérien à Paris. Pourquoi ce changement de dernière minute ?

J'ai contacté le responsable de la programmation au CCA afin de trouver une date libre en octobre ou novembre 2018, nous sommes tombés d'accord pour octobre et l'information a été diffusée. A la fin du mois de septembre, je reprends contact avec le même responsable pour programmer des répétitions sur place, il m'annonce que mon concert a été annulé par le directeur.

Les raisons ne sont pas convaincantes du tout et je trouve très dommage que, comme à chaque fois, c'est le public algérien à Paris qui est sanctionné. J'ai proposé la date du 12 octobre en remplacement, le refus du directeur a été catégorique. J'ai tout de suite contacté le centre Dunois qui n'a pas hésité une seconde à donner son accord et m'a laissé libre de choisir la date.

En avril 2016, le même scénario s'est produit avec le même directeur. Il a annulé mon concert à quelques jours de sa tenue. Lorsqu'une date est arrêtée, elle n'a pas à être annulée, c'est méprisant et humiliant pour l'artiste. Je préfère ne pas être programmée du tout.

J'ai demandé audience à notre ambassadeur à Paris qui m'a reçue rapidement, je le remercie infiniment pour sa disponibilité et son souci d'être là pour la communauté algérienne en France. J'ai souhaité le tenir informé de ce qui s'est passé au centre me concernant. Je ne suis pas allée me plaindre puisque, suite à l'annulation du directeur j'ai eu une programmation le même jour dans une autre salle parisienne.

C'était l'occasion de faire un constat et parler de la situation de l'artiste algérien en France et de son statut. Le CCA est la vitrine de l'art algérien en France, à Paris en particulier. Il est indispensable que ses dirigeants pensent, en priorité, à la manière de mettre en valeur la diversité de notre culture.

 

Cet épisode ne risque pas de perturber votre concert ?

Pas du tout. Je l'ai très vite oublié et je me suis concentrée sur le choix des pièces que je vais interpréter. J'ai confiance en mon orchestre, ce sont des professionnels et quelle joie de retrouver mon public.

 

RDV pris au centre Dunois le vendredi 12 octobre à 20h30 ?

Oui, inchallah.

 

Par Amokrane Chenoui
"L'EXPRESSION" mardi 9 octobre 2018