Je voudrai démocratiser l'andalou
     
     
 

Le rossignol de la musique andalouse est de retour. Elle animera, ce jeudi, un concert à Riadh El-Feth.

L’interprète de musique classique, andalouse (la nouba) Beihdja Rahal, a animé, dimanche, une conférence de presse en présence du musicologue Youssef Toualbia, à la salle Ibn Zeidoun de Riadh El-Feth et ce, à l’occasion de la sortie de son sixième album intitulé Nouba Maya, qu’elle compte promouvoir. «Mon but, dira-t-elle, est d’enregistrer les 12 noubas qui restent parmi les 24. La plupart des morceaux qui figurent sur cet album sont connus du public, fait-elle remarquer, seule l’interprétation change». Sorti aux éditions Soli Music, cet album renferme dix titres dont Inkilab et M’seder Maya, Fek min nawm qui est le clou de cette nouba. Un morceau considéré jusque-là comme «perdu» avant que Beihdja ne le récupère chez une famille à Blida. «Il a fallu le déchiffrer, le travailler avant de l’enregistrer» et d’expliquer: «Quand je parle de nouba, je fais allusion à quelques extraits, non pas à la nouba au complet mais plutôt à cinq de ses mouvements», et d’ajouter: «J’essaye d’être la plus proche possible de la musique classique, celle qui m’a été enseignée à l’école d’Alger dont mes maîtres furent incontestablement M.Khaznadji et M.Séri, la référence par excellence de cette école.»

En tant que femme-interprète de musique andalouse, Beihdja Rahal dira qu’elle a dû se battre pour s’imposer dans cet univers musical, jusque-là réservé aux hommes. «Cependant, soulignera-t-elle, je n’ai eu à demander l’avis de personne pas même à mes maîtres, à mes débuts, sauf aujourd’hui» et de renchérir: «Si la femme a été acculée à interpréter uniquement du hawzi et de laroubi, cela était dû à sa condition sociale. Jadis, elle ne fréquentait pas l’école. Donc elle ne maîtrisait pas la langue arabe littéraire, c’est pourquoi, ce sont plus les hommes qui interprètent l’andalou, une musique, dit-on, de lettrés, jouée principalement durant les fêtes de mariage par les «ali» (orchestres)».

Après avoir parfait son éducation musicale au sein des associations El Fakhardjia et Essoundoussia, Beihdja part en 92 en France et décide de s’y installer. «Le public en France et même celui d’Europe, de façon générale, n’est pas algérien à 100%. C’est un public varié qui est plus composé d’Européens que d’Algériens, des étrangers qui connaissent bien et apprécient notre musique classique. Preuve s’il en est, qu’il n’y a pas que le raï qui marche à l’étranger».

Faire une tournée artistique à travers tout le pays est l’un des souhaits de Beihdja qui déplore le fait de n’avoir reçu d’offres que pour la capitale. Convaincue que seul le travail de recherche pourrait réhabiliter notre musique classique, Beihdja assure qu’il y a urgence à la sauvegarder: «L’idéal, dit-elle, c’est de travailler tous ensemble (musicologues, chercheurs, interprètes et musiciens)». A propos des divergences qui opposeront les trois écoles de musique classique, à savoir Constantine, Alger et Tlemcen, Beihdja estime que c’est justement leurs différences qui fait la richesse de cette musique. «La musique est là, mais le rythme change», précise-t-elle.

La nouba a été de tout temps considérée comme une musique de bourgeois. Pour contrer cette idée, la chanteuse aspire à la faire entrer dans tous les foyers. Passionnée par le chant, Beihdja a déjà enregistré la 7e nouba du nom de Raml. Elle l’a même archivée et pense déjà à la huitième. En attendant de pouvoir goûter au délice musical de celle-ci, vous êtes tous conviés à venir découvrir la nouba Maya, ce jeudi 25 avril, à la salle Ibn Zeydoun et ce, à partir de 19 heures. Le rossignol de l’andalou n’a pas fini de vous enchanter!

 

O. Hind
"L'EXPRESSION" mardi 23 avril 2002