Rasd eddil au féminin
     
     
 

Elle a tenu sa promesse et nous revient avec une belle nouba rasd eddil. Comme à l’accoutumée, trois mois ont suffit à Beihdja Rahal pour enregistrer une autre partie du patrimoine andalou. Lors d’une conférence de presse animée mardi dernier à la salle El-Mouggar, l’interprète de la nouba, selon le mode de l’école d’Alger, a tenu à présenter ses remerciements à toutes les personnes qui ont guidé son travail pour l’enregistrement des neuf noubas, à leur tête le grand maître Sid-Ahmed Serri.

Beihdja, qui a annoncé lors de sa dernière rencontre avec la presse l’enregistrement d’une nouba raml el maya, a préféré sortir d’abord ce produit. “Il est vrai que j’avais annoncé l’enregistrement d’une nouba raml el maya, chose déjà faite et dont la sortie est prévue pour avril prochain, mais j’ai jugé qu’il était plus urgent de lancer ce produit qui comprend un morceau rarement interprété (Fah El- Banafsedj).” Le produit est une pure délectation. Il est composé d’un neklab mawal Jar El Hawa wa h’rek, d’un m’sadar rasd eddil El-Djamel feten, ainsi que des btaihi, dardj, nesraf et khlas rasd eddil. Une véritable récréation cadencée par une musique raffinée et une interprétation mélodieuse et enivrante.

De sa voix sublime, Beihdja enchante les mélomanes et rend un hommage musical savant à ses prédécesseurs: Maâlma Yamna, Cheikha Titma, Meriem Fekaï et bien d’autres femmes, qui, même illettrées, avaient merveilleusement interprété les dérivés de la musique classique andalouse.

Entourée d’une équipe spécialisée dans la musique andalouse (Ecole d’Alger), dont Kamel Malti, Bouabdellah Zerrouki, la chanteuse promet à son public et à tous les mélomanes de la musique classique andalouse l’enregistrement des trois noubas manquantes. Quant à sa participation à l’année de l’Algérie en France, elle se contentera de dire: “Jusqu'à présent, personne ne m’a contactée.” Et dire qu’on se demande pourquoi la chanson commerciale, le raï, a pris le dessus et accaparé le marché algérien.

 

Wahiba Labrèche
"LIBERTÉ" jeudi 20 février 2003