La musique andalouse dans tous ses états  
     
     
 

« La plume, la voix et le plectre » est  le titre d'un nouvel ouvrage bilingue (français-arabe) sur la poésie et la musique andalouse, co-édité aux éditions Barzakk, en collaboration avec Saâdane Benbabaali et Beihdja Rahal.

Après avoir cogité ce projet pendant de longs mois, les deux spécialistes de la musique andalouse, Sâadane Benbabaali et Beihdja Rahal, ont mis sur le marché national un remarquable ouvrage. Constitué d'une centaine de pages ce précieux livre se décline en deux parties, bien distinctes. La première partie est rédigée dans la langue de Moliére, tandis que la deuxième est écrite dans la langue de El-Moutanabi. Ainsi, les férus de musique andalouse pourront, dès les premières pages, faire ou refaire connaissance - c'est selon - plus amplement avec la diva à la voix cristalline, qu'incarne Beihdja Rahal.

L'éditeur et journaliste, Sofiane Hadjadj, retrace le parcours artistique de la chanteuse. Beihdja est née en 1962, à El Biar, à Alger. Ses parents l'inscrivent au conservatoire d'El Biar, en 1974, alors qu'elle est haute pas plus que trois pommes. Ses premiers maîtres sont, alors, Zoubir Kakachi et Mohamed Khaznadji. Parallèlement, elle suivra un cursus scolaire des plus reluisants. En effet, en 1989, elle obtient une licence en biologie à l'université de Bab Ezzouar.

En 1982, elle rejoint l'association El Farkhadjia. Elle effectuera ses premières pas scéniques au théâtre national d'Alger, où elle se distingue par l'interprétation d'un solo de la nouba H'cine. En 1993, elle interprète une nouba, complète, dans le mode Rasd Eddil et ce à l'occasion d'un concert donné, toujours, au TNA. Ayant emprunté le chemin de l'exil, en 1994, elle enregistre son premier album, «nouba Zidane», en 1995. En 2000, elle entame, avec Benabdellah Zerrouki, une longue série d'enregistrements.

Il est à noter qu'elle a enregistré son 17e album en février dernier. Ainsi, dans le livre en question, il est écrit dans la présentation générale que les peuples d'occident, musulmans formés d'Ibéres, d'Arabes et de Berbères, ont contribué, d'une façon originale, à l'histoire humaine. Ces derniers ont inventé le muwasbab, en poésie, et créé le système des nawbât en musique. Le muwasbab est un genre de poésie qui est né dans la péninsule ibérique, vers la fin du Xe siècle. Il se distingue par sa structure strophique. «L'art du tawsbib s'est constitué parallèlement à la constitution, sous administration musulmane, d'une population ibérique de plus en plus homogène.

Après le rythme politique, avec le mashriq et le califat abasside, dès le milieu du VIIIe siècle, al-andalus», écrivent les auteurs. Mieux encore, il est indiqué dans l'épilogue de l'ouvrage : «Dans les pages qui précèdent, nous avons essayé, par des rappels historiques, des explications et des analyses, d'introduire le lecteur, non initié, au monde merveilleux de la poésie et du chant andalous.

Nous avons convié chacun à devenir, ainsi, le dépositaire d'un héritage fabuleux, légué par des générations d'artistes. Pendant des siècles, depuis 822, non seulement Ziryâb mais, aussi, tant de poètes et de musiciens anonymes ont apporté, chacun, leur pierre à cet édifice, devenu patrimoine de l'humanité : la nawba andalouse.

Il est à noter que les mélomanes de musique andalouse pourront se délecter de la nouba Raml. Un Cd offert à la fin de l'ouvrage en question. Beihdja Rahal  accordera une séance dédicace à l'occasion de la sortie « La Plume , La Voix et Le Plectre », le 5 janvier 2009, à 15h, à la librairie du Tiers Monde, place Emir Abdelkader, Alger.

 

R. C.
"LA NOUVELLE REPUBLIQUE" mardi 30 décembre 2008