Une diva à la voix cristalline  
     
     
 

L'interprète de musique andalouse Beihdja Rahal a donné, samedi soir à la salle El-Mouggar, à Alger, un récital musical haut en couleur, à l'occasion de la sortie chez Belda Diffusion, de son nouvel album Nouba Hsine. Une superbe soirée, organisée par l'Office national de la culture et de l'information (ONCI), caractérisée par une ambiance de réelle communion entre l'artiste et le public, lequel s'est abreuvé des paroles et mélodies puisées du patrimoine andalou classique.

Vêtue d'un kaftan traditionnel, couleur chocolat brodé de fils d'or, la diva de la musique andalouse Beihdja Rahal, toute en élégance, était assise devant, mandoline à la main, accompagnée de huit musiciens chevronnés.

Elle a gratifié l'assistance d'un bouquet de chansons extraites de son nouvel album, à l'instar de sa première chanson Ah Assafi alla ma madha… Wa alla Zamani inkadha… Ah ya Moulay Ayam El Zahoui wa Ridha âdina âchya Firkat Dyar El Andalouss, suivie d'autres morceaux du patrimoine, à l'instar de Wa Manami Irtahal ; âdina âchya ou Tamourou El Layali La Ara Eleil Yankadhi… Wala El sabr Min Riki… El Tachawouk Mou'tiki, pour terminer en beauté par un mceddar hsine, Ya mouqabil Kif al âmal, entrecoupant l'enchaînement des différents morceaux par une dlidla.

D'une voix cristalline et éraillée qui ajoute de la majesté à son interprétation, Beihdja Rahal a subjugué le public algérois composé, essentiellement, de familles et de vieilles dames, en chantant l'amour, l'espoir, la nostalgie, la passion, le printemps, la nature, la beauté des fleurs et leurs douces senteurs et tout ce qui peut suggérer la beauté, accompagnée de son orchestre.

Ce dernier a interprété un répertoire andalou avec une maîtrise qui a enchanté l'assistance visiblement touchée et avide de ce genre de musique. D'ailleurs, personne n'a déserté sa place et ce, jusqu'à la fin du concert. Beihdja Rahal a ensuite enchaîné avec une série de chansons dont Mali hayem et Ma tattaqi Allah. Une ambiance chaleureuse, empreinte de nostalgie et où ont plané les sons du qanun, de la derbouka et du tar, a régné pendant plus d'une heure et demie à la salle El-Mouggar, au grand bonheur d'une assistance qui est repartie satisfaite de cette soirée de haute facture.

Beihdja Rahal, que nous avons rencontrée, avant son entrée sur scène, nous fera savoir que la musique andalouse fait partie de notre patrimoine artistique depuis le IXe siècle. «Cette musique a évolué au fil des siècles. Cependant, ce patrimoine nécessite les efforts soutenus de tous pour veiller à sa pérennité.» L'artiste a exhorté, dans le même sillage, les jeunes à porter attention à ce patrimoine et à respecter ses rythmes mais surtout à ne pas brûler les étapes de son apprentissage.

Interrogé lors de cette soirée, le public a pour sa part estimé que Beihdja Rahal est dotée d'une belle voix. «Par sa voix chaude, l'artiste a réussi à se faire un nom sur la scène algérienne et en Europe. Sa maîtrise parfaite de toutes les gammes de l'andalou fait d'elle une artiste incontournable, nous dira une fan. J'aime bien cette artiste. D'ailleurs j'assiste régulièrement à ses concerts et je suis de très près ses nouveautés.»

Une autre fan nous fera savoir que cette artiste est pleinement investie dans la sauvegarde de cette musique traditionnelle. «D'ailleurs, elle franchit les portes d'un monde réservé aux hommes. Sa voix chaude et éraillée qui adoucit les esprits est tellement présente dans nos cœurs et nos esprits. Je la félicite pour son nouvel album», dira-t-elle encore.

 

Mehdi Isikioune
"LA NOUVELLE REPUBLIQUE" lundi 27 février 2012