La Nouba Raml 2

 

 

 

 Editions BELDA

 

 

L'une des plus célèbres histoires d'amour d'Al Andalous, demeure sans aucun doute, celle de Wallada et Ibn Zeydoun. Célèbre, parce qu'aussi poétique que tragique dans une Cordoue rongée par les dissensions politiques.

Au début du 11 ème siècle, la capitale andalouse assiste à la chute du Califat Omeyyade, affaibli et déchiré par les querelles des princes. Des luttes aux conséquences désastreuses, ayant donné naissance aux royaumes des taïfas, Moulouk Attawa'if, de petites royautés en perpétuel conflit.

Wallada était justement la fille du dernier Calife Omeyyade de Cordoue, Al Moustakfi Billah (976-1025), dont le mauvais règne a accéléré la chute du Califat. Mais, Wallada était une femme de lettres et une poétesse aussi. Malgré sa filiation, et même après la fin du règne de son père, elle gardera toujours son statut de princesse et continuera à organiser chez elle des salons littéraires, majaliss adab, où se réunissent philosophes, poètes et artistes.

Ibn Zeydoun, tombe amoureux de Wallada, lorsqu'il commence à fréquenter son salon littéraire. Abou Alwalid Ahmed ibn Abdillah ibn Zeydoun est né en 1003 à Cordoue dans une famille de lettrés, de juges et de théologiens. Lui aussi fait ses études à l'université de Cordoue. Son talent exceptionnel le classe très vite parmi les plus grands poètes de son époque. Il est surnommé le Bouhtouri du Maghreb en référence au véritable Bouhtouri, poète syrien du 9 ème siècle. La poésie d'Ibn Zeydoun est fluide, claire et expressive, et c'est pour Wallada qu'il va écrire ses plus beaux poèmes, dont "Laha'Allahou Yawman" intégré dans cet album.

Leur histoire d'amour fait beaucoup de bruit dans Cordoue, et leurs échanges poétiques sont repris par les andalous. Seulement, elle fait aussi des jaloux. Au moins un jaloux, connu et identifié, le ministre Abou Amir ibn Abdous qui fréquente lui aussi le salon littéraire de Wallada. C'est un sérieux concurrent auprès de la belle princesse, il aurait d'ailleurs activement contribué à écarter Ibn Zeydoun en l'accusant de comploter contre le roi.

Jeté en prison Ibn Zeydoun adresse les plus beaux poèmes au roi, des suppliques pour le faire libérer, mais en vain. Néanmoins, le fils du roi, le prince Mohamed ibn Jahwar a pitié de lui et il le fait évader. Ibn Zeydoun hors de Cordoue, continue quand même à envoyer au roi Jahwar des poèmes élogieux. Il en adresse d'autres également à Wallada, mais celle-ci venait de le rejeter à tout jamais. En dehors de toute considération politique, Wallada reprochait à Ibn Zeydoun de l'avoir trahie. Elle l'aurait surpris dit-on, courtisant sa servante Otba. Son cœur en a été définitivement brisé et sa dignité profondément atteinte.

Lorsque le roi Jahwar meurt en 1043, son fils Mohamed monte sur le trône de Cordoue et Ibn Zeydoun est réhabilité. Il est nommé ambassadeur auprès du royaume de Séville. Sauf que Ibn Zeydoun demeure affligé par le comportement de Wallada qui refuse de le revoir. Pourtant, il ne désespère pas et continue à lui dédier ses plus beaux poèmes, dont le plus célèbre serait peut-être la "nouniya", appelé ainsi pour sa rime en noun et qui débute par ce vers :

Adh'ha tana'i badilan min tadanina . . . Wa naba ân ttibi loq'yana tajafina

Malgré tout, Wallada reste intransigeante et continue à rejeter les supplications d'Ibn Zeydoun qui lui conservera une place autant dans son cœur que dans sa poésie. Ibn Zeydoun meurt en 1070 sans avoir jamais pu la revoir, et Wallada meurt environ vingt ans plus tard sans s'être jamais mariée.

L'histoire d'amour de Wallada et d'Ibn Zeydoun a marqué leur époque, mais en retour elle a été terriblement affectée par les nombreuses vicissitudes politiques. Les querelles de palais, les complots et les jalousies ont eu raison de leur amour. Leur histoire aurait-elle été différente s'ils avaient vécu sous d'autres cieux ? À une autre époque ? Peut-être… Toutefois, ils vécurent en Andalousie, belle et douce mais ravageuse aussi…

Oumelkheïr Rahal
Décembre 2007

 

Ce disque comporte les morceaux suivants:

1 . Inqilab Zidane: Saraqa l'ghossno qedda mahboubi
2
. Mceddar Raml: Sirri zamani ma naj'hadou
3
. Btaïhi Raml: Hel ra'ayt chemss el'açil
4
. Istikhbar Zidane: Laha Allahou yemwan (de Ibn Zeydoun)
5
. Derdj Raml: Hadhi min ennawm
6
. Insiraf Raml 1: Net'farradj maâk fi koulli marra
7
. Insiraf Raml 2: Dhouqtou l'hawa maâ ennawa
8
. Khalss Raml: Aliftou l'bouka baâda l'habib

 

Les musiciens:

. Nadji HAMMA: Oûd
. Mohamed El Amine BELOUNI: Oûd
. Nacer RAHAL: Violon-Alto
. Lhadi BOUKOURA: Violon-Alto
. Mokrane BOUSSAÏD: Violon-Alto
. Abdelhalim GUERMI: Ney
. Mansour BRAHIMI: Mandoline
. Djihad LABRI: Qanoun
. Sofiane BOUCHAFA: Percussions

et Beihdja RAHAL à la Kouitra.

 

Chorale féminine:

. Mounia CHAATAL
. Meriem BOUGUERRA

 

En collaboration avec : L'office national des droits d'auteur et des droits voisins (O.N.D.A)
Enregistrement numérique : Bouabdallah Zerrouki (Décembre 2007)
Direction artistique : Beihdja Rahal
TT : 61'40"