Beihdja Rahal présente sa nouvelle Nouba

     
     
 

Fidèle à son engagement dans la sauvegarde du patrimoine musical andalou, Beihdja Rahal propose aux mélomanes de cette musique séculaire une nouvelle Nouba dans le mode Hsine, qui représente le huitième album de sa deuxième série des douze modes. Avant d'entamer les cinq mouvements de la Nouba, l'artiste à la voix chaude et cristalline, interprète en guise d'introduction un Inqilab Djarka « Assafi âla ma madha » (Grande est ma peine pour une époque révolue), une poésie toute de nostalgie pour Grenade, symbole d'El Andalus dans l'Espagne musulmane.

Une fois l'Inqilab exécuté, Beihdja plonge au cœur de la Nouba à travers un Mceddar « Ya moukabil kif al âmal » (Ami, que faire ?), un Btaihi « Ya morsili sahm el djoufoune » (Toi dont les yeux me lancent des traits mortels) avant de marquer un temps d'arrêt par un Istikhbar A'raq « Tamourou al-layali » (Les nuits se succèdent).

Cette interprète de musique andalouse selon les règles de l'Ecole d'Alger « çanaa », poursuit sa Nouba par un Dardj « Mâli hayem » (Amoureux éperdu) et deux Inciraf entrecoupés par une Dlidla Djarka, une poésie rare en arabe dialectal, intitulée « Lalhbib ashtadda gharâmi » (Mon amour pour mon bien-aimé est devenu si intense). D'une cadence de plus en plus vive, la nouvelle Nouba de Beihdja Rahal dans le mode Hsine, 21e album enregistré depuis la première série des douze modes entamée en 1995, s'achève en beauté par deux Khlass « Ma tattaqi Allah » (Ne crains-tu pas Dieu) et «Saltak ya badîi echabab » (Dis-moi, jeune fille à l'incomparable beauté).

Sorti chez « Belda Diffusion », le nouvel opus qui se présente sous la forme CD est accompagné d'un livret des poèmes chantés par Beihdja Rahal, traduits en français par les soins de Saadane Benbabaali.

Dotée d'une voix mélodieuse aux vibrations fines et célèbre pour sa maîtrise du genre musical San'a ou encore pour son combat en faveur de la vulgarisation de cette musique, Beihdja Rahal est né le 8 juillet 1962 à El-Biar, sur les hauteurs d'Alger. Elle suit des cours de mandoline et de kwitra, depuis son plus jeune âge, aux conservatoires d'Alger et de son quartier, jusqu'en 1982 date à laquelle elle intègre l'association El Fakhardjia.

Trois ans après, elle quitte cette association de musique andalouse et fonde avec Ahmed Sefta l'association Essoudoussia, tout en dispensant, par ailleurs, des cours de sciences naturelles dans un lycée.

Installée en France depuis 1992, Beihdja tient à son immersion permanente dans l'océan musical andalou pour y puiser le plus grand nombre possible d'œuvres afin de les offrir à ses admirateurs, ô combien sensibles.

 

"EL MOUDJAHID" samedi 25 février 2012