Beihdja Rahal subjugue le public

 

   
     
 

C’est devenu une tradition chez la chanteuse andalou Beihdja Rahal: à la sortie de chacune de ses noubas, elle gratifie le public d’un concert.

Jeudi dernier, elle a donc convié les mélomanes de la musique andalouse à la salle El Mouggar à découvrir son dernier enregistrement, la neuvième nouba intitulée Rasd Eddil, pièce du répertoire entamé au milieu des années 90. Pour ce rendez-vous exceptionnel, il y avait grand monde à l’entrée de la salle et ce, malgré le mauvais temps. L’intérieur de la salle affichait déjà complet quelques minutes avant le concert. Précédée par ses musiciens, vers 20 h, l’artiste fait une entrée magistrale sur scène. Habillée d’un seroual testifa blanc cassé, rehaussé d’un boléro et d’une veste en mousseline de couleur pêche, travaillé avec de la soutache, sa tête est ceinte d’un collier typiquement algérois, communément appelé khit errouh, elle avance timidement avec à la main son inséparable oûd, et salue le public d’un hochement de tête.

Dès les premières notes musicales, les esprits s’évadent en se délectant de cette belle musique millénaire. Des applaudissements et des youyous nourris ébranlent la salle. Après un brillant istikhbar, interprété entre autres par Nadji Hamma au luth, Tarik Hamouche à la kouitra, Sid Ahmed Khazradji au violon alto, Abdelhalim Guerni à la flûte, Belkacem Sisaber au tambourin, Mourad Taleb à la derbouka, Beihdja Rahal ouvrira son tour de chant avec un inqilab Mawal djara el hawa oua ahraq. Elle enchaînera par la suite avec d’autres morceaux tels que El djamel fetène, Woujouhoukoum el hasnaou, Feh el Benefsadj, El fedjr zaybak, Hasbak el Allah ânni, Rit el djoulinnar et Niranou qalbi.

Avec sa voix caressante et angélique à la fois, Beihdja Rahal a loué les louanges du Créateur et de ses prophètes. Les vers religieux déclamés ont suscité chez certains présents des perles de larmes qu’ils ont essuyées discrètement. Avant la fin de son concert, la chanteuse a demandé, sur un ton à peine audible, à ses convives d’avoir une pensée pour le peuple irakien, menacé par la guerre.


Modeste et humble

La chanteuse a réussi un laborieux travail, celui de se lancer dans l’enregistrement des douze noubas restantes du patrimoine andalou. Par cette initiative louable à plus d’un titre, elle a voulu également prouver que la voix féminine s’est imposée. Un pari, a priori, réussi, puisque grâce à son professionnalisme et sa pugnacité, elle reste aujourd’hui la chanteuse andalou la plus écoutée et la plus appréciée.

Modeste et humble, elle reconnaît que tout ce qu’elle a entrepris jusqu’à aujourd’hui est un travail d’équipe. En effet, elle s’est entourée de musicologues et de musiciens chevronnés pour l’enregistrement de ses neuf noubas. Ce pur bonheur de deux heures qu’a procuré Beihdja Rahal à ses fans n’est que partie remise puisque, dans quelques mois, elle présentera la dixième nouba Raml Maya. Un rendez-vous à ne rater sous aucun prétexte.

 

Nassima C.
"EL WATAN" vend-sam 21-22 février 2003