Beihdja on the web

     
     
 

Beihdja Rahal est l’une des figures de proue de la musique andalouse, hawzi et aroubie œuvrant pour la promotion du patrimoine mélomane du terroir en effectuant un travail de préservation discographique des noubate. Beihdja Rahal est la cantatrice algérienne de musique andalouse qui a le mieux su accrocher le caractère traditionnel de son art à la vague du numérique.

Dimanche dernier, elle présentait à la presse son dernier enregistrement, la Nouba m'djenba, douzième opus de sa collection entamée en 1997 avec le mode mezmoum. Douzième, comme les douze noubas qui ont échappé aux oublis de la transmission orale avant l'apparition du phonographe. Fin de parcours alors ? Non, répond l'interprète, la nouba pouvant être rejouée avec de nouvelles variations sur les mouvements qui la composent. Beihdja Rahal sera jeudi prochain à la salle Ibn Khaldoun pour le concert de promotion de ce nouveau CD. Une prestation qui sera suivie… d'une vente dédicace. C'est désormais la tradition que de transformer le hall des salles de concert en point de vente.

Grâce aux messages que lui envoient les internautes via son site web, Beihdja se permet de parler de ses «fans» qui parfois lui reprochent de faire ses concerts seulement dans la capitale. «Ce n'est pas notre rôle. C'est aux villes de se rapprocher des artistes», explique-t-elle. Cela ne veut pas dire que la capitale sollicite la cantatrice. Le plus souvent, c'est elle qui provoque l'invitation. Notamment lorsqu'il s'agit de la promotion d'un nouvel enregistrement.

Dans Nouba m'djenba, la cantatrice relève comme pièce maîtresse la Qadriya, rarement jouée, intitulée Hadjeb maâ khouh (tes sourcils jumeaux font de l'ombre à tes yeux), car la recherche se fait, selon elle, «dans le sens de l'authenticité et des travaux perdus». Une sorte de chasse à la pièce rare. Mais sur un autre versant et pour donner sens à son travail, l'interprète dit vouloir attirer un public autre que celui déjà acquis.

Le CD édité au label Soli ne comporte pas de livret qui aiderait à cette tâche et faire découvrir aux curieux l'histoire, les nuances et les charmes de cette musique. Mais ce sera fait pour le prochain promet-elle. La musique andalouse, un patrimoine qui n'a pas encore trouvé la voie vers une codification en raison des ego de ceux qui le professent, est en manque d'instances pour contrôler, suivre et discipliner son interprétation, selon Beihdja Rahal. La conséquence en est que beaucoup d'associations qui la pratiquent se trouvent dans une sorte de «déperdition». Beihdja Rahal en concert à la salle Ibn Khaldoun, et dans le hall pour une dédicace, c'est demain à partir de 21h.

 

Aziz Yemloul
"EL WATAN" mercredi 12 mai 2004