Beihdja donne la «Bahdja» à El Bahdja
     
     
 

Si sa maîtrise n'est plus à démontrer, à tel point que la presse l'a affublée du très chic titre de Mme Nouba, il faut bien avouer que Beihdja Rahal, n'est pas qu'une interprète de musique andalouse, au sens classique du mot. Car le récital grandeur nature qu'elle a donné lundi soir à El Mouggar –événement organisé par l'Office national de la culture et de l'information- a bien mis en avant une artiste qui sait négocier d'autres répertoires de notre riche patrimoine musical, comme le Madih ou le Haouzi. D'où cette capacité jamais démentie à subjuguer et tirer à soi davantage de mélomanes.

Intraitable dans l'exécution de son art, Beihdja n'a pas dérogé d'un iota à cette règle, en offrant à un public averti une Nouba  Raml de toute beauté, qu'elle entame avec un Nekleb  Enta soltane el djamal. Une allègre escapade poétique dans le monde merveilleux de l'Andalousie où l'expression de l'amour fut presque une religion. Où les sons mélodieux du luth, du violon ou encore du Qanun, se fondent dans des textes d'une beauté incomparable.   De sa voix porteuse et veloutée, Kouitra en main de maître, l'artiste prend son public par le cœur et l'immerge dans les tréfonds d'une musique qu'elle n'a jamais cessé d'exercer avec toute la passion que nous lui connaissons.

Du Nekleb, elle passe avec beaucoup de panache à un B'tayhi  Hel rayit chems el assyl qu'un orchestre de premier ordre, réglé comme une horloge, a exécuté dans une belle communion musicale. Un petit répit pour savourer un istikhbar de haute facture qu'elle secrète avec une élégance rare. Un moment où l'on découvre la virtuosité d'un Abdelhadi Boukoura au violon, ou encore l'irréprochable Djihad à la cithare, à travers des solos de toute beauté, ponctués par des standings ovations très nourris.

La Nouba achevée sur les chapeaux de roue, le temps lui était venu pour montrer à qui voulait entendre de quel voix se chauffe-t-elle. Et pas seulement, puisqu'elle s'en va chanter des textes très célèbres dans le Haouzi, comme Ya bouya h'nini, ou célébrant le mois sacré avec un autre texte tout aussi célère, El Khezna seghira du grand poète mostaganémois Sidi Lakhdar Benkhlouf. En un mot comme en cent : à chaque fois qu'elle donne de la voix, Beihda Rahal suscite toujours de la joie. Tant mieux.

 

Amine Goutali
"HORIZONS" mercredi 9 septembre 2009