Beihdja Rahal de retour avec des concerts et un livre  
     
     
 

Le public pourra apprécier et applaudir à volonté cet artiste qui a su réinvestir le champ de l'andalou de féminité. L'artiste nous revient donc avec sa musique chaleureuse et si distinguée. Mais pas seulement ! Elle nous revient également avec un livre sur la musique andalouse pour la sauvegarde du patrimoine, mais aussi pour sa promotion...

Beihdja Rahal, la diva de l'andalou, est de retour dans son pays pour donner des concerts exceptionnels. Après avoir envoûté de sa voix cristalline le public du Théâtre régional de Annaba dimanche dernier, l'une des plus grandes représentantes de la tradition musicale algéroise, la çana'a, sera en concert demain soir à l'auditorium Laadi Flici du théâtre de Verdure pour un récital organisé par l'Etablissement Arts et Culture et dimanche soir prochain au palais de la Culture de Kouba.

Les mélomanes habituellement captivés par ses mélismatiques vocalises pourront apprécier en live ses plus grands titres. Le public pourra apprécier et applaudir à volonté cet artiste qui a su réinvestir le champ de l'andalou de féminité. Tradition très ancienne, la çana'a semble avoir été l'apanage pendant plusieurs siècles successifs des chanteurs plutôt que des chanteuses, alors qu'à l'époque d'Al Andalus, c'étaient en vérité les voix féminines qui dominaient cette pratique artistique.

Les prestations musicales de Beihdja Rahal renouent donc avec des traditions très anciennes, en ne manquant pas de respecter l'évolution incessante de cette musique. L'artiste nous revient donc avec sa musique chaleureuse et si distinguée. Mais pas seulement ! Elle nous revient également avec un livre. Il s'agit d'un ouvrage qui paraîtra à la fin du mois d'octobre prochain aux éditions Barzakh et ce, après une année de travail de recherche mené en collaboration avec Saadane Benbabaali, professeur de littérature arabe à l'université Paris III, spécialiste du mouwachah andalou.

L'ouvrage comprend des textes sur la musique andalouse, des détails sur la nouba, et, enfin, les trois écoles, d'Alger, de Tlemcen et de Constantine. Pour toucher le plus grand nombre de mélomanes et de curieux, le livre sera publié dans les deux langues, arabe et française. Il comprendra aussi l'enregistrement d'une nouba, les poèmes chantés en arabe et leur traduction en français.

Pourquoi ce livre maintenant ? C'est simple, «une manière d'élargir son public et d'entrer dans les librairies», répond Beihdja Rahal. Et d'expliquer : «Par les 17 albums enregistrés, c'est plus un travail pédagogique que j'ai essayé de transmettre et de diffuser par cet ouvrage, je le complète par un travail didactique.»

L'objectif de cette publication est également de mettre en valeur les trois écoles, gharnati, malouf et çana'a. La musicienne explique que «nous en avons hérité, pourquoi les rassembler en une, même si elles ont la même origine?». Selon elle, chacune a ses maîtres, ses nuances, ses rythmes, sa particularité, le mieux est donc de ne pas perdre cette richesse.

La chanteuse s'explique : «Je ne pourrai jamais interpréter le malouf mieux qu'un chanteur qui a côtoyé les maîtres constantinois et qui a baigné dans ce genre musical. Je ne peux pas non plus interpréter la nouba tlemcénienne, j'ai eu la chance et l'honneur d'être formée par les maîtres et professeurs de l'école d'Alger, à qui il faut rendre hommage, je suis une représentante de la çana'a. Mes maîtres, Abderrezak Fakhardji, Mohamed Khaznadji… n'auraient jamais chanté du gharnati ou du malouf.»

En attendant que les fans de la diva incontestée ne puisse découvrir cet ouvrage, il est à noter qu'après les concerts prévus en Algérie, elle sera de retour à Paris où elle animera un récital le 14 novembre au Centre culturel algérien, puis elle se dirigera vers la Belgique le 14 mars pour y donner également un récital.

 

Fella Bouredji
"LA TRIBUNE" mardi 16 septembre 2008