Beihdja Rahal "immortalise" la Nouba H'cine

 

   
     
 

L’artiste a enregistré huit noubas sur les douze connues.

Pour ceux qui voudraient déguster la nouba H’cine et qui auraient raté le passage, dimanche dernier, de Beihdja Rahal au TNA, vous pouvez encore rattraper le coup, dernière chance, avec la salle Ibn Zeydoun où l’artiste et son orchestre seront pour la soirée de demain….. et bonne écoute.

Et de huit pour Beihdja Rahal. La jeune et charmante interprète et musicienne qui s’est engagée à transcrire et enregistrer les 12 noubas que compte le registre connu de la musique andalouse est en passe de réussir sa gageure en bouclant l’enregistrement sur CD de la 8ème nouba. Plus que quatre et on passe à autre chose.

Beihdja Rahal vient de livrer à son public le CD de la nouba H’cine jouée sur les onze mouvements suivants: N’qlab (djarka), M’çadar, B’tayhi, Istikhbar (âarak), Dardj, 3 N’çraf (dont un âarak), 2 khlass et Kadria (âarak) – le reste est en mode H’cine. le disque édité par Soli music est sorti en Algérie avant de traverser la mer pour aller en France où l’artiste compte beaucoup d’admirateurs.

Pour la huitième production, Beihdja Rahal s’est entourée du même orchestre qui l’a accompagnée depuis le début de son "aventure andalouse". Neuf musiciens -l’orchestre de chambre idéal pour une appréciation optimale d’un morceau de musique andalouse- accompagnent la chanteuse. Sur certains passages, Beihdja aura deux choristes pour encadrer ses solos. La nouba H’cine est un vrai régal musical.

L’écouter, c’est se payer 73 min 58 s de pure dégustation que les mots ne peuvent traduire. Et nous en sommes désolés pour nos lecteurs… tout juste peut-on dire que l’exécution de la musique est signée de mains de maîtres. Beihdja Rahal excelle dans l’interprétation. Quant au chœur, ses interventions sont d’une précision et d’une justesse "métronomique". En résumé, Nouba H’cine est un CD à écouter. Et à avoir, car c’est une œuvre musicale qui ne déparera pas votre discothèque et pourra côtoyer sans démériter les œuvres de ce qu’on appelle les "grosses pointures" de la musique.

Le résultat des travaux de Beihdja Rahal (8 noubas enregistrées) et les qualités de leur exécution et enregistrement ne sont pas fortuits. C’est le produit d’un long travail dont le sérieux et la minutie le disputent à la passion et l’amour qu’ont l’artiste et son équipe pour la musique andalouse et le travail bien exécuté. La préservation de ce patrimoine musical menacé de disparition a ainsi sous-tendu le travail de Beihdja Rahal depuis le début. C’est ce qui a nourri l’ardeur et la volonté de l’artiste quand, après s’être engagée à enregistrer les 12 noubas, elle s’est mise, pour chaque nouba, à battre la campagne pour réunir tout ce qui pouvait enrichir, en termes d’histoire, de documents ou d’enregistrements, la nouba qu’elle se disposait à enregistrer.

L’objectif est là et Beihdja Rahal entend y parvenir. Rien ne l’en détournera, affirme-t-elle. Et quand on lui parle du raï ou des expériences de métissage de la musique andalouse avec le flamenco ou autres, Beihdja, très sereine, vous répond que ce n’est pas sa tasse de thé mais qu’elle peut bien apprécier une belle musique et qu’elle n’a rien contre les expériences enrichissantes… "Bien au contraire, je les applaudis et les encourage. Le tout est de bien faire le travail et puis, finalement, le dernier mot revient au public! de toute façon, il y a de la place pour tous", conclut-elle.

Quant à la nouba H’cine, se refuse à toute appréciation personnelle; mieux, elle refuse même d’en parler avant que nous n’ayons écouté le CD. "Ecoutez le disque, jugez vous-même de la qualité du travail et nous en parlerons ensuite si vous voulez", nous dira-t-elle. Ce que nous avons fait…. Pour ceux qui veulent en faire autant et qui auraient raté le passage, dimanche dernier, de Beihdja Rahal au TNA, vous pouvez encore rattraper le coup, dernière chance, avec la salle Ibn Zeydoun où l’artiste et son orchestre seront pour la soirée de demain…. Et bonne écoute!

 

Hassan Gherab
"LA TRIBUNE" mardi 19 novembre 2002