D'autres belles vocalises de Beihdja
     
     
 

"Et quel plus bel instrument que la voix, instrument naturel par excellence qui peut épouser tous les sentiments humains et les rendre avec chaleur"

Et une autre, pour la talentueuse interprète andalouse Beihdja Rahal qui vient de signer son dernier produit, que les mélomanes ne manqueront pas d’apprécier. La cantatrice zyriabienne qu’on reconnaît à sa tessiture et à ses belles vocalises nous invite, l’espace de soixante et une minutes, à savourer les sonorités mélodieuses du chant andalou. Accompagnée de son orchestre habituel –neuf musiciens et deux choristes féminines– et sous la direction artistique et technique du professionnel Bouabdellah Zerrouki, l’interprète de la çanaâ à la voix cristalline nous propose dans sa dernière livraison les belles œuvres poétiques d’une nouba dans le mode raml maya avec onze chghalate (pièces) dans une suite développée avec allégresse dans les mouvements enqlab (1), mçadder (1), btaihi (1), ponctués par un istikhbar, dardj (1), ensraf (3), khlass (2), couronnés par un final, la qadria.

Des six cents pièces qui existent dans le répertoire andalou que Sid-Ahmed Serri a éditées, Beihdja n’en a chanté que quatre-vingt-dix environ. Depuis quelques années, l’élève des illustres maîtres musiciens –Zoubir Kerkachi, Abderrezak Fakhardji puis Mohamed Khaznadji– chez lesquels elle fit ses premières classes au conservatoire d’El-Biar, a su, au fil des années, s’imposer en tant que voix féminine sur la scène musicale. Elle ne fait pas dans la militance féminine, sinon elle tient à contribuer à l’émergence de jeunes talents féminins.

Comme elle a commencé, elle, à briller en tant que soliste vocal, notamment dans l’Association Es-Sendoussia au milieu des années quatre-vingt, aux côtés de Zakia Kara-Torki, Lamia Maadini, Noureddine Saoudi... Depuis quelques années, Beihdja Rahal se voit propulsée, grâce à son bel instrument naturel qu’est la voix, au-devant de la scène musicale.

Actuellement, elle dispense au Centre Culturel Algérien à Paris son savoir dans la musique vocale, à plusieurs paliers. Cela ne l’empêche pas de donner des concerts à Alger et sous d’autres cieux. Elle est sollicitée pour agrémenter une soirée à Rotterdam le 25 du mois courant, avant de se produire à Vienne le 11 mai. Entre-temps, elle s’attelle à la préparation de son prochain CD dans le mode sika avant de mettre en chantier l’ultime nouba dans le tab’a mdjenba. Beihdja est aussi cette dame qui tient à donner un rythme aux airs andalous, à cette mélodie qui est, faut-il le dire, universelle par essence.

Elle va à la rencontre des cultures en s’essayant à de nouvelles combinaisons harmonieuses. Les 1er et 2 mai, elle enregistrera avec les élèves du conservatoire de Rouen des morceaux d’une nouba arrangée. Autrement dit, un mariage du classique universel avec le legs prestigieux qu’est la musique andalouse. Une tentative de mixage qui, certainement, donnera un produit d’un beau mélange. Une suite agréable à écouter. Attendons pour voir !

 

Madjid Tchoubane
"LE JEUNE INDEPENDANT" mardi 22 avril 2003