Beihdja Rahal représente l'Algérie
     
     
 

Le festival de l'imaginaire ou la promenade dans le temps

Pour la douzième année consécutive, la Maison des cultures du monde organise à Paris le festival de l'imaginaire, qui se tient du 12 mars au 18 avril prochain. Parmi les nombreux spectacles présentés, trois sont consacrés au continent africain. Le Marocain Abdelfetteh Bennis et l'Algérienne Beihdja Rahal présenteront la tradition du chant arabo-andalou.

Les Bozo de Kirango, au Mali, exhiberont les masques et les marionnettes qui font leur renommée depuis des siècles. Créée en 1982 afin de favoriser la réciprocité dans les échanges culturels entre la France et le reste du monde, la Maison des cultures du monde s'efforce depuis de faire connaître les arts et les cultures venus d'ailleurs. Depuis 1997, à travers le festival de l'imaginaire, le public français en général et francilien en particulier a la possibilité de découvrir les mythes, les légendes, la musique et les contes de différentes régions du monde.

Cette douzième édition ne déroge pas à la règle. L'Afrique sera représentée par les Bozo de Kirango – un village situé à 35 km au nord-est de Ségou (Mali) –, par le Marocain Abdelfetteh Bennis qui jouera avec son ensemble le mawal andalou de Fès, et par l'Algérienne Beihdja Rahal, l'une des grandes voix du chant arabo-andalou d'Alger.

Née à Alger, en 1962, dans une famille où la musique arabo-andalouse tenait une place de choix, Beihdja Rahal a la particularité d'avoir appris à jouer de la kouitra, un instrument qui serait une sorte de dérivé du luth arabe et qui est à la fois «l'emblème et la base de l'orchestre arabo-andalou». Peu connue en France, où elle vit pourtant depuis 1992, cette artiste perpétue la tradition algéroise de la sanaâ, «une musique multiséculaire, constituant l'un des six grands styles de musique arabo-andalouse du Maghreb».

Un autre de ces styles est le mawal andalou de Fès. Né à Fès en 1962, dans une famille elle aussi imprégnée de musique arabo-andalouse et de chants religieux, Abdelfetteh Bennis découvre la poésie mystique chantée dans les zaouïas soufies qu'il fréquente depuis sa jeunesse. Très jeune, il devient l'élève de monuments marocains de la musique arabo-andalouse tels que Massano Tazi et Haj Abdelkrim Raïs, le grand maître de la tradition de Fès. Aujourd'hui, il est l'une des références de la tradition arabo-andalouse du Maroc tout en ayant modernisé l'héritage musical reçu.

De la même manière, les masques et marionnettes que vont présenter les Bozo, au cours des quatre soirées qui leur sont consacrées à la Maison des cultures du monde, s'inscrivent dans une tradition plusieurs fois centenaire.

 

R. C.
"LE JEUNE INDEPENDANT" mercredi 26 mars 2008