Beihdja Rahal, La Nouba Zidane

 

   
     
 

Les préjugés sont bousculés. "On est en présence de la première dame soliste de la musique classique arabo-andalouse, qui a adopté en le portant à sa quintessence, le style d'Alger: léger, hautement fleuri et enjolivé", écrit avec beaucoup de bonheur, parlant de Beihdja Rahal, le musicologue Christian Poché.

A la tête d'un petit orchestre constitué de deux joueurs de luths (oûd), d'un violoniste et d'un percussionniste (derbouka et tambour sur cadre, tar), Beihdja Rahal, qui s'accompagne du luth-kuitra, un dérivé du luth arabe typiquement maghrébin, s'est attaquée dans son premier disque compact à la pièce maîtresse du patrimoine andalou algérien: la Nouba Zidane. Et là Mme Rahal innove et bouscule les préjugés en interprétant, elle, une femme, en soliste, de bout en bout et d'une manière somptueuse, cette Nouba qui a, dit-on, inspiré Camille Saint-Saëns pour la bacchanale de Samson et Dalila.

Si elle en respecte strictement la forme - intouchable -, Beihdja Rahal enrichit cette Nouba, d'un Istikhbar (improvisation), Ya men yahouahou qâlbi (Ô! celui qui désire mon cœur), d'une émouvante beauté, ce dont les amoureux de l'arabo-andalou ne pourront lui être que reconnaissants.

 

A. H.
"LE MONDE" samedi 2 décembre 1995