Nous nous languissions de vous, et vous revoilà !
     
     
 

Beihdja Rahal, l’une des plus belles voix altières et délicates de la musique arabo-andalouse, nous fait encore pâmer de plaisir à l’écoute de son dernier chef-d’œuvre, la Nouba Maya, un compact-disc édité récemment aux éditions Soli music.

Ancienne élève des plus grands maîtres du patrimoine musical traditionnel algérien, tels que Abderrezak Fakhardji et Mohamed Khaznadji, formée au conservatoire d’Alger et au sein des prestigieuses associations El-Fakhardjia et Essounsoussia, cette interprète soliste, qui réside depuis 10 ans à Paris, nous revient avec un sixième opus, le troisième à être édité en Algérie (après les Nouba Dil et Ghrib). Après les trois albums, Nouba Zidane, Nouba Mezmoum et Nouba Rasd, qui ont été enregistrés en France, Beihdja Rahal poursuit la série d’enregistrements numériques du patrimoine national avec la parution de cet album de qualité, avec la collaboration de M. Bouabdellah Zerrouki, ce mélomane, mécène, dont la réputation n’est plus à faire, et d’un "excellent" ingénieur du son, de la place d’Alger.

Enregistré avec un orchestre composé de valeurs sûres telles que Mustapha Bahar, Zerrouk Mokdad, Noureddine Saoudi, Nadji Hamma, Tarik Hamouche, Youcef Nouar, Abdelhalim Gherni, Belkacem Sisaber et Mourad Taleb, Beihdja Rahal accompagnée d’une chorale (formée par les voix mélodieuses et suaves de Lamia Madini, Amina Belouni et Meriem Boulahchiche) , nous enchante durant 58 minutes avec dix titres de cette 12ème Nouba, sur un mode Moual enjolivé et sautillant.

Entamant cette Nouba Maya avec un neklab épicurien et courtois adressé à un amant distant koulou li men manaâ ezziara la bouda yazourni… (dites à celui qui a refusé de nous voir qu’il doit nous rendre visite), la talentueuse Beihdja Rahal nous offre par la suite un florilège d’extraits de ce mode, tels que le mceddar fik min ennaoum… (réveille toi), le btaïhi, touiarri mesrar… (mon oiseau est heureux), un istikhbar moual a yanfa’ quaouli…(mon message suffit-il…), un derdj el bia’d amr saïb… (l’éloignement est difficile…), 3 nesraf, in djak errabi’…(quand le printemps survient…), âla man takoun…(sur qui…), el âïn tencheb…(l’œil…), qu’elle conclut par un khlass très gai, kem oua kem ya âïni…(combien et combien…) auquel succède une kadria leou kan fi neoum…(si en mon sommeil).

Déterminée à suivre l’exemple de l’illustre maître Sid-Ahmed Serri, cette musicienne (elle joue de la kouitra) et artiste émérite contribue, à l’instar de Zakia Kara Terki et de Nassima, à sauvegarder et à pérenniser, à sa manière, l’immense patrimoine musical traditionnel.

 

Chérif Bennaceur
"LE SOIR D'ALGERIE" vend-sam. 29-30 mars 2002