Les 100 qui font bouger l'Algérie

 

   
     
 

Vue de l'extérieur, l'Algérie a l'image d'un pays monolithique dirigé d'une main de fer, dans la coulisse, par une poignée de militaires. La réalité est beaucoup plus nuancée. S'il est vrai que les grandes décisions stratégiques sont prises par un collège de hauts gradés inconnus du grand public que les algériens appellent les « décideurs », ces derniers sont contraints de tenir compte des mouvements qui secouent la société. Or, une nouvelle génération est en train d'émerger, qui entend être partie prenante et récuse l'ordre établi.

Les émeutes qui se déroulent en Kabylie depuis une année et les soulèvements locaux sporadiques de ces derniers mois en sont une parfaite illustration. En outre, l'existence d'une presse libre permet une certaine forme de contestation. La population peut, en tout cas, à travers ces journaux, mieux extérioriser ses angoisses.

D'autres formes d'expression naissent, qui ressemblent de plus en plus à des contre-pouvoirs. Les associations foisonnent. Loin des feux de la rampe, les algériens sont, en effet, de plus en plus nombreux à s'organiser, dans les secteurs où l'Etat s'est montré défaillant.

La culture n'est pas en reste. Cible favorite des islamistes, écrivains et artistes ont payé un lourd tribut au terrorisme. Beaucoup ont été contraints à l'exil. Mais, aujourd'hui, on assiste à une véritable renaissance de la vie culturelle : de nombreux talents apparaissent, de nouvelles galeries ouvrent leurs portes, les théâtres font comble. Bref, la vie reprend.

Beihdja Rahal
Artiste
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Il y a beaucoup de belles voix dans sa famille. Mais elle est la seule à avoir fait carrière dans la chanson. Dans un genre difficile. Le chant andalou, en effet, nécessite à la fois une grande dextérité pour manier l’instrument –celui qu’elle a choisi, la kouitra, un instrument ancien typiquement algérien, est particulièrement difficile à maîtriser– et une voix parfaite.

Beihdja Rahal, qui a aujourd’hui 40 ans, chante depuis l’âge de 12 ans. Consciente de dominer un art où très peu de femmes excellent, elle a décidé, il y a dix ans, d’y faire carrière. Elle en est à son sixième CD.

 

Baya Gacemi
"L'EXPRESS" No 2658, 13-19 juin 2002