Sensualité andalouse
     
     
 

C’est Un vibrant hommage qu’a rendu cette artiste à Hadj Omar Bensemmane... L’infatigable interprète de musique arabo-andalouse, Beihdja Rahal vient de sortir chez Soli Music, une nouvelle nouba Mezmoum, mode qu’elle avait visité de sa voix de rossignol une première fois en 1997 à Paris pour son deuxième enregistrement faisant foi à l’époque d’enregistrer les 12 noubas restantes sur les 24 du patrimoine andalou.

L’ayant bouclé par la nouba Mdjenba en avril dernier comme prévu, la cantatrice a décidé de faire un second tour d’horizon sur la musique classique algérienne sans pour autant en faire une deuxième série. Beihdja Rahal, à travers cette nouba, a choisi de nous faire découvrir des morceaux différents, exception faite pour le Khlass qui est toujours le même. Pour ce faire, elle a choisi cette fois-ci un Mseder, deux Btaïhi, quatre Insiraf. Le Mseder: Ana ichqati fi soultane tout comme le 2e Btaïhi: Atani rassoul et le 4e Insiraf Qed becharret bi qoudoumikoum sont des inédits.

Ce sont des morceaux recueillis par Yacine Bensemmane, le fils du grand maître Hadj Omar Bensemmane, auquel la chanteuse rend un grand et vibrant hommage, lesquels lui ont été donnés en 1966 par son père et transmis en 1937 par Laho Seror, un autre maître réputé de la musique andalouse. Pour cette nouba sur laquelle, précise la chanteuse, elle n’a pas travaillé seule puisqu’elle a bénéficié de l’aide précieuse de Yacine Bensemmane, il a fallu six mois de travail entre le choix des morceaux, les travailler avec Yacine, les musiciens puis les enregistrer en studio toujours avec son fidèle compagnon de route, fin connaisseur du répertoire de la Çanaâ (Ecole d’Alger), et le spécialiste du son, Bouabdellah Zerrouki.

Tout ceci fait la particularité de cette nouba Mezmoum qui compte 80 minutes de pur bonheur et d’enchantement musical. Autre particularité qui rajoute un plus au CD disponible sur le marché, est l’introduction d’un livret contenant les traductions des textes de toutes les chansons par Farouk Tazerouti, sans oublier la biographie de Hadj Omar Bensemmane (1906-1972) et une présentation sur le parcours et l’œuvre florissante de Beihdja Rahal. On notera que celui-ci est signé Tarik Hamouche, un autre grand érudit de la musique andalouse, hélas disparu très tôt à la fleur de l’âge, terrassé à 26 ans par une crise d’asthme. Ce dernier note avec justesse l’intense activité de Beihdja Rahal ces dernières années, «la première femme à mettre à la disposition du public par le biais du commerce et au service d’une musique qui lui a tout donné, une série de douze enregistrements dédiés au culte de la nouba dans ses différents modes».

A noter que le CD a été réalisé grâce au concours, notamment du Centre Culturel Français d’Alger qui organise en collaboration avec l’établissement Arts et Culture le 30 octobre prochain à la salle Ibn Khaldoun, un concert unique et exceptionnel de Beihdja Rahal lequel sera précédé par la traditionnelle conférence de presse qu’elle animera le 26 octobre.

En plus d’Alger, Beihdja compte plusieurs dates dans son calendrier. Il est prévu en effet qu’elle anime une série de concerts en Europe, notamment à Berne, Italie, Marseille, Rouen, Haute Normandie… pour chanter la fête, l’amour et la joie.

 

O. Hind
"L'EXPRESSION" mardi 14 septembre 2004