Beihdja Rahal, un Maître au féminin

 

 

 

 Editions ONDA

Coffret de 27 CD, Intitulé "Beihdja Rahal, un Maître au féminin". Edité par l'office national des droits d'auteur et des droits voisins O.N.D.A. Il englobe les 27 nouba enregistrées depuis l'année 1995.

 

 

L'Office national des droits d'auteur et droits voisins (Onda) a distingué, lundi soir à Alger devant un public nombreux, la chanteuse andalouse Beihdja Rahal, pour l'ensemble de sa carrière, compilée dans un coffret de 27 CD, (intitulé: "Beihdja Rahal, un Maître au féminin").

Organisée au Théâtre national algérien "Mahieddine-Bachtarzi" (Tna), la cérémonie de distinction, constituant la deuxième partie du programme de la soirée, a débuté par la projection d'un court documentaire réalisé par l'Onda, retraçant le parcours artistique de Beihdja Rahal, à travers une série de photos montrant les différentes étapes de sa carrière.

Sous les applaudissements répétés et les youyous nourris du public, le représentant de l'Onda, Abbas M'Hand Said a ensuite remis le Trophée honorifique à Beihdja Rahal, ainsi qu'un coffret intitulé, "Un maître au féminin", regroupant en 27 CD, l'ensemble de son parcours artistique.

Avant d'enchanter l'assistance, Beihdja Rahal, vêtue d'une belle tenue traditionnelle, a exprimé son "immense joie" de se voir ainsi distinguée par l'Onda, d'autant que son coffret se veut, a-t-elle précisé, un "hommage à la musique andalouse et à tous (ses) maîtres".

Accompagnée par l'Orchestre de l'association "Les Beaux-Arts d'Alger" de musique andalouse, sous la direction du maestro, Abdelhadi Boukoura, l'artiste mise à l'honneur a ensuite, gratifié l'assistance d'un florilège de pièces andalouses, musique savante que le public a hautement appréciée.

Devant une assistance recueillie, la cantatrice a entonné des extraits de la "Nouba Sika", enchaînés à des pièces dans les genres, "Aroubi" et "Hawzi" pour clore sa prestation, sous les youyous nourris de l'assistance, avec des "M'dihs".

Le public, emporté par les atmosphères solennelles de ce bel élan artistique créé par la voix suave et cristalline de Beihdja Rahal, a été séduit par "le charisme et la prestance" de l'artiste, qu'elle s'est construite, de l'avis d'une spectatrice, dans "la rigueur et le respect" de la musique andalouse.

Etablie à Paris depuis 1992, après 18 ans de formation artistique à Alger dans les classes de grands maîtres de la chanson andalouse, comme Mohamed Khaznadji, Abderrezak Fakhardji ou encore, Zoubir Karkachi, Beihdja Rahal, musicienne et interprète-soliste, a transité par plusieurs écoles et associations, à l'instar du Conservatoire d'Alger et des associations "El Fakhardjia" et "Essendoussia".

En 1992, elle crée à Paris son propre orchestre et entame en 1995 les enregistrements des 12 noubas de la musique Sanaâ, école andalouse d'Alger, alors que, "El Gharnati" et le "Malouf", représentent les écoles de Tlemcen et de Constantine, respectivement.

Dans différents organismes parisiens, Beihdja Rahal donne des cours de musique andalouse aux enfants et aux adultes, au sein de l'association "Rythme-harmonie", dont elle fait partie, notamment.

Chercheuse également, elle a obtenu en 2006 le prix "Mahfoud Boucebci" pour ses travaux de recherche et de sauvegarde du patrimoine musical andalou, et coédité des ouvrages sur la musique andalouse, dont, "La plume, la voix et le plectre" (2008) et "La joie des âmes dans la splendeur des paradis andalous" (2010).

Auparavant, la trentaine d'instrumentistes de l'association "Les Beaux-Arts d'Alger", dont une dizaine de musiciennes en tenues traditionnelles, ont livré une prestation de haute facture, empreinte de rigueur académique et de professionnalisme, que le public a longtemps applaudi.

Mettant en valeur les voix présentes et étoffées de Youcef Ait Meziane, Sarah Zitouni, Haroun Chettab, Fatma Zohra Hammouche, Omar Boudellel, Maya Barafane et Nazim Lemnouar, l'ensemble, parmi lequel le violoniste tunisien, Mehdi Zekri, a gratifié l'assistance d'un florilège prolifique de chansons issues du patrimoine.

Les pièces, "Ya ghazel dabyou' L'hima" (inqilab moual), "Qala li nasseh mine enness" (derdj m'djenba), "Dir el ôqqar" (N'çraf m'djenba), "Ya toura" (kh'lass m'djenba) et "Ya men tridktali"(aroubi), ont constitué l'essentiel du rendu de l'ensemble, sous le regard bienveillant du maestro Abdelhadi Boukoura.

Fondée en 1856 sous le nom de la "Société des Beaux-arts" (doyenne des associations), puis rebaptisée, l'orchestre de l'association a été créé, lui, en 1980, pour qu'en 2000, l'élève Abdelhadi Boukoura devienne son directeur artistique. L'association compte actuellement à son actif plusieurs niveaux d'apprentissage et l'enregistrement de cinq CD.

 

"APS" mardi 28 mai 2019

 

 

 

Coffret de 27 CD intitulé "Beihdja Rahal, un Maître au féminin"

Coffret édité par l'office national des droits d'auteur et des droits voisins O.N.D.A. en mai 2019.
Il englobe les 27 nouba enregistrées depuis l'année 1995.

 

Beihdja Rahal est née en Juillet 1962 à Alger, dans une famille où la pratique de la musique andalouse était chose courante. Elle a donc été imprégnée dès son jeune âge par les arcanes de cet art au conservatoire d'El-Biar avec un grand maître tel Mohamed Khaznadji. Elle a appris la mandoline puis la kouitra, instrument typiquement algérien, emblème des orchestres andalous.

En septembre 1992, Beihdja Rahal s'installe en France. Deux ans plus tard elle fonde son ensemble qui a l'intelligence de rompre avec les lourdes structures de près d'une trentaine de musiciens. Le retour vers une norme plus flexible, permet ainsi aux interprètes de mieux s'écouter, de se suivre les uns les autres, et de renouer ainsi avec le sens de l'improvisation qui a disparu des grandes formations. Avec cette petite formation, le retour vers l'hétérophonie, c'est à dire le chevauchement des voix, devient non seulement un critère possible, mais une option esthétique autre, délibérément distincte de celle de l'unisson.

 

1974 - 1982: Formation au conservatoire d'El-Biar. Avec Zoubir Kakachi et Mohamed Khaznadji.

1982: Obtention du baccalauréat, série Sciences.

1982 - 1985: Musicienne et soliste au sein de l'Association musicale El-Fakhardjia. A l'occasion d'un concert donné à Tlemcen en juillet 1981 avec les élèves du conservatoire d'El-Biar, Beihdja Rahal est sollicitée par les responsables de l'association El-Fakhardjia, qui lui proposent de les rejoindre. Elle intègre l'orchestre en mars 1982. Un mois plus tard, elle interprète une pièce importante de la nouba hsine en duo sur scène avec l'association.

1983: sous la direction de Hamidou Djaidir, le Maitre Abderrezak Fakhardji la choisit pour interpréter une nouba dans le mode Rasd Eddil à l'opéra d'Alger et diffusée à la télévision algérienne.

1986 - 1992: en octobre 1986, l'association Essoundoussia est créée. Beihdja Rahal fait partie des membres fondateurs et des musiciens et solistes les plus importants de cette association. Elle assurera des cours d'initiation aux enfants jusqu'en 1992, année de son départ en France.

1988: En parallèle, Beihdja Rahal fait des études universitaires et obtient sa licence en Biologie. De 1989 à 1992, elle enseigne les sciences naturelles dans plusieurs lycées d'Alger.

1993: Beihdja Rahal créé son orchestre à Paris. Il est constitué de musiciens professionnels, tous formés à Alger auprès de maîtres et professeurs de la çanaa.

1995: Elle édite un premier album à Paris, nouba zidane, puis mezmoum et rasd. A partir de l'année 2000, c'est à Alger qu'elle enregistre les suivants, dont 18 dans le studio de Bouabdellah Zerrouki.

1996: Participation dans la pièce de théâtre "Les fils de l'amertume" de Slimane Benaissa, présentée dans toute la France et en Suisse pendant un an et demi. Beihdja Rahal a pu ainsi côtoyer et travailler avec de grandes figures du théâtre algérien: Slimane Benaïssa, Sonia, Sid-Ahmed Agoumi, Fellag. Les musiques et chants andalous confèrent au spectacle une dimension classique et enjouée, grave mais alerte.

1999: Dans un souci de sauvegarde de ce patrimoine classique, elle donne des cours de musique à l'ELCO (enseignement de la langue et culture d'origine) aux enfants de la communauté algérienne en France. Les enfants sont sa priorité, ils sont la relève de demain.

2000: A partir de cette année, elle travaille et enregistre davantage en Algérie. Elle y trouve un contexte plus favorable ; un choix plus important de musiciens et d'instruments traditionnels. Encouragée par l'accueil exceptionnel du public, Beihdja s'investit à fond dans son œuvre, réalisant, en dix ans, le tour de force de mettre « en boîte » les douze noubas de l'école d'Alger.

2000 - 2001: Participation dans une pièce "Le nomade de l'an 2000" de Maya Arriz-Tamza en tournée en France. L'histoire d'une rencontre entre un conteur berbère et une chanteuse initiée à la pure tradition arabo-andalouse.

2001: À l'occasion d'un concert donné à l'Ile de la Réunion, elle rencontre un monument de la culture algérienne, Cheikh Al-Hasnaoui et elle revient avec un enregistrement vidéo où on le voit parler de son pays natal et de son parcours. Un privilège et un honneur qu'elle n'oublie jamais de relater à chaque occasion, une manière de lui rendre hommage.

2002: La revue l'Express la choisit pour figurer parmi "Les 100 qui font bouger l'Algérie". Très peu de femmes, à l'époque, excellaient dans cet art, elle a décidé d'y faire carrière. Elle était déjà à son sixième album.

2006: Le 15 juin, elle obtient le prix «Mahfoud Boucebci». Un prix que la fondation décerne à Beihdja Rahal pour récompenser les travaux de recherche qu'elle entreprend dans le but de sauvegarder le patrimoine musical andalou.

2007: Grâce à la rencontre de mélomanes soucieux de transmettre leur culture d'origine, elle créé l'association Rythmeharmonie à Paris dont l'objectif est la formation et l'initiation à la musique andalouse. Elle dispense des cours de chant et de musique pourdes adultes, amateurs et professionnels et organise des journées et voyages d'étude à thème afin d'approfondir les connaissances des élèves en poésie, structure et histoire de la nouba.

2008: La revue Jeune-Afrique la choisit pour figurer parmi "Les 50 personnalités qui font l'Algérie". Les 50 personnalités que la rédaction a choisi de présenter font partie de celles qui bâtissent l'Algérie d'aujourd'hui et de demain.

2015: Elle dirige l'orchestre andalou du Centre Culturel Algérien à Paris.

 

A partir de 1992 Beihdja Rahal a donné plusieurs concerts en Algérie, au Maroc, en Tunisie, en Jordanie, en Egypte, en France, en Espagne, en Suisse, en Andorre, en Autriche, en Angleterre, au Portugal, en Italie, en Hollande, en Belgique, au Canada. Elle a participé aux plus grands festivals de musiques du monde : Festival de Fès, de Chefchaouen, d'Essaouira, d'Oujda de la musique tunisienne, de Nancy, au Festival de Cannes, au Musée du Louvre, au siège de l'UNESCO, au Festival d'Art Sacré, à l'Institut du Monde Arabe, et au Centre Culturel Algérien.

Elle est l'invitée d'émissions radios et télévisions dans toute l'Algérie, toute la France et dans le monde (Dubaï, Beyrouth, le Caire, Tunis, Oujda, Fès, Casablanca, Montréal, Vienne, Berne, Amsterdam, Rotterdam, Genève, Barcelone, Lisbonne, Madrid, Grenade, Londres, Bari, Hanovre ...). La presse écrite (algérienne et étrangère) lui a toujours réservée une place de choix pour annoncer ses concerts, ses albums et son actualité artistique.

 

Elle se produit avec de grands chanteurs et groupes à l'occasion de concerts-fusion avec :

- Radio Tarifa (Espagne). Fusion entre la musique classique algérienne et le flamenco (1993).

- Juan Martin, guitariste flamenco (Espagne). Deux voix pour affirmer d'une seule leur attachement à la pureté de la tradition. Ce travail, réalisé en commun, ne gâchera pas l'essence de leurs styles respectifs (2001).

- Orchestre philharmonique du conservatoire de Rouen (France). Partant d'une nouba andalouse, Beihdja Rahal dialogue avec un orchestre symphonique (2003).

- The Ring Around Quartet (Italie). Fusion entre la nouba çanaa et les chants de la renaissance italienne, une pure merveille pour les initiés et les profanes. Une symbiose qui prouve que la musique n'a pas de frontières (2004).

- La Grande Chapelle (Espagne). Fusion entre deux musiques, polyphonies et chants arabo-andalous. Les musiciens de la Grande Chapelle accompagnés de l'ensemble de Beihdja Rahal nous invitent à imaginer les splendeurs de l'époque entre le 12è et 15è siècle en Andalousie musulmane.

 

Rarement interprète du répertoire andalou n'aura mis autant de passion dans l'exercice de son art. Forte d'un enseignement théorique poussé et douée d'un talent exceptionnel, Beihdja Rahal rayonne dans l'interprétation de la nouba çanaa, ce style classique qui ne vaut précisément que par l'authenticité et la pureté de son jeu. Son exécution impose le respect total de ses règles, de son harmonie, de ses rythmes et de sa ligne mélodique. Son interprétation exige de la chaleur, de l'âme et du sentiment. Celle qu'en propose Beihdja Rahal dégage une atmosphère émotionnelle qui a comblé le public à chacune de ses apparitions en Algérie, dans le Maghreb et dans le monde.

L'andalou est ici porté à son firmament par la voix cristalline de la première dame ayant enregistré les douze modes de la musique classique algérienne, une première dans l'histoire de cet art, jusque-là chasse gardée des hommes. Beihdja n'entend pas s'arrêter en si bon chemin, comme en témoigne cette discographie, elle est à son 27 ème album.